Lectures fin 2012 / début 2013
Fût un temps, mon compte-rendu de lecture était mensuel... Il faut dire qu'en ces temps-là, j'engouffrais plusieurs romans chaque mois... Force est de constater que... les temps ont changé ! Cette année, j'ai troqué mes cours de théâtre et de chant contre des ateliers de formation à "l'art de conter". Mes livres de chevet sont donc essentiellement des livres de contes que je picore et dont je n'entends pas faire ici, une critique exhaustive. J'ai bien envie cependant de distinguer quelques ouvrages sur lesquels je me suis particulièrement attardée :
Histoires pressées - Bernard FRIOT
Des histoires plus amusantes et attachantes les unes que les autres mettant en scène des pinces à linge rêvant d'aventure, une puce et un long cheveux blond au coeur d'une intrigue policière, des phrases qui s'échappent de livres comme autant de petites bêtes fourmillantes... Une fantaisie réellement réjouissante !
"Histoires pressées, ce sont des histoires courtes à déguster à table entre deux bouchées, à l'école dans la cour de récré, ou ailleurs si ça nous chante. Histoires à terminer, à raccommoder, à détruire en mille morceaux. Juste le temps d'un sourire, d'un frisson ou d'une émotion. Il arrive tant de choses bizarres dans la vie quand on sait comment la regarder !"
Histoires de la forêt profonde - Jean JOUBERT
La terrible histoire des "écoliers de Pamperigousse" mérite à elle seule le détour ! Je reste fortement imprégnée par la traversée de la forêt et l'inquiétant crescendo du récit dont je préfère ne rien dévoiler ici de peur que...
"Jean Joubert, poète et romancier (prix Renaudot pour L'homme de sable), a également publié six livres pour enfants. Avec Histoires de la forêt profonde, il s'adresse cette fois aux jeunes lecteurs - à partir de douze ans - qui s'apprêtent à passer de la littérature enfantine aux livres pour adultes. La forêt, lieu de mystère et de légendes, sert de trait d'union à ces cinq récits. (...) Les illustrations d'Alain Gauthier prolongent parfaitement, cette atmosphère de rêve et de poésie."
Mille ans de frissons - Edition MILAN
De la peur, en voici, en voilà justement ! Un recueil très bien fichu qui précise pour chaque conte à quelle tranche d'âge il est destiné (histoire de ne pas traumatiser plus que de raison les oreilles innocentes) ainsi que leur durée moyenne de "lecture". Des histoires très brèves ou des nouvelles plus longues comme "La morte" de Maupassant que j'affectionne tout particulièrement, une bonne source d'inspiration pour ceux qui comme moi, s'intéressent au côté obscur des contes !
"Un recueil présentant de nombreuses histoires qui font « peur », à partager et à se raconter entre amis ou en famille, dans un endroit bien sombre… L’idée de publier des histoires qui font peur n’est pas nouvelle. À la fin du XVIIIe siècle, un « courant de peur » donne naissance à une foule d’histoires fantastiques mettant en scène des personnages en prise avec le surnaturel. Un genre particulier se met en place qui utilise des ingrédients divers et variés pour installer la peur dans l’esprit du lecteur. Par exemple, les événements ont lieu la nuit, dans des lieux abandonnés ou isolés. Les histoires font intervenir des animaux fantastiques, des revenants, des fantômes… Et la mort rôde…"
Contes de la folie ordinaire - Charles BUKOWSKI
Et puis, j'ai eu envie de quitter cet univers parfois trop enfantin alors je me suis tournée vers ces histoires aussi immorales qu'inégales. Une mention spéciale à l'abominable "petit ramoneur" et au "grand mariage zen" qui m'ont vraiment régalée de leur cruauté !
"Par l'auteur des 'Mémoires d'un vieux dégueulasse, vingt histoires dont la plus longue comporte vingt pages. Charles Bukowski, chroniqueur dans la presse underground des Etats-Unis, viveur impénitent, est aussi un écrivain qui veut faire honneur à la littérature en racontant des choses aussi vraies qu'infectes. Il est donc une sorte de Céline punk, inspiré par le sexisme, la misère du quotidien, la violence (en particulier celle des policiers). Ses 'Contes de la folie ordinaire' sont le délire narcissique d'un homme qui veut garder son âme malgré les paradis climatisés."
Karoo - Steve TESICH
Heureusement, Audiolib me propose de temps à autre de chroniquer une de leurs nouveautés et me redonne ainsi à éprouver par les oreilles, un certain plaisir romanesque ! La voix profonde de Thibault de Montalembert m'a accompagnée un long moment (16h d'écoute, ça n'est pas rien, vous en conviendrez) et je suis persuadée que c'est elle qui m'a tenue accrochée quand les considérations sarcastiques de Saul sur ses amis, ses amours, ses emmerdes ont commencé à me lasser... Le personnage n'est définitivement pas banal (irrépressible fou rire dans le métro à l'écoute de LA scène de visite médicale !) et sa conception des relations à autrui est pour le moins singulière mais je n'y ai pas vu pour autant le chef d'oeuvre décrit ça et là... à moins de parvenir à faire définitivement abstraction de l'ennui (qui ne devrait pas être un critère comme chacun sait !) mais ce qui est certain, c'est que ce Karoo-là ne m'aurait pas emmenée aussi loin dans sa version papier. Une nouvelle preuve de la complémentarité du livre-audio, CQFD !
"L'odyssée d'un riche consultant en scénario dans la cinquantaine, Saul « doc » Karoo, écrivaillon sans talent séparé de sa femme et traînant plusieurs tares émotionnelles. Script doctor pour Hollywood, il mutile et « sauve » le travail des autres. En tant qu'homme, il applique le même genre de contrôle sournois à sa vie privée et se délecte de nombreuses névroses : son incapacité à se saouler quelle que soit la quantité d'alcool absorbée, sa fuite désespérée devant toute forme d'intimité, ou encore son inaptitude à maintenir à flot sa propre subjectivité. Jusqu'à ce qu'une occasion unique se présente à lui : en visionnant un film, il fait une découverte qui l'incite à prendre des mesures extravagantes pour essayer de se racheter."
Le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie - Yoko OGAWA
Ce recueil m'a bien moins emportée que "la petite pièce hexagonale" mais il y a tout de même quelque chose de très agréable dans ces pages-là, un temps suspendu, une délicatesse toute japonaise que j'aime goûter de temps en temps pour ralentir le pas...
"Quelque temps avant son mariage, une jeune femme rencontre un enfant et son père, qu'elle retrouve un soir plongés dans la contemplation d'un restaurant scolaire. Quand l'homme lui raconte pourquoi l'image d'un réfectoire le soir évoque pour lui le souvenir d'une piscine sous la pluie, la mélancolie s'installe tel un lien dont elle ne pourra plus se défaire... Une jeune femme apprend la mort d'un camarade. Elle le connaissait peu mais cet accident la trouble plus qu'elle ne l'aurait imaginé. Dans l'ambiance étrange de la cérémonie funèbre, elle rencontre quelqu'un qui va faire basculer son quotidien."
La marche de Mina - Yoko OGAWA
On dirait bien que Yoko Ogawa, à petits pas discrets est en train de s'imposer comme un auteur qui va compter ! Jusqu'ici, je ne connaissais d'elle que la forme courte mais son style déployé dans l'exercice du roman est tout aussi charmant. "La marche de Mina" fait partie de ces livres auxquels on s'attache pour tous ces petits détails qui rendent les personnages uniques et vivants... Encore un très joli moment.
"Après le décès de son père, alors que sa mère part suivre une formation professionnelle, la petite Tomoko, douze ans, va passer un an chez son oncle et sa tante. Tout dans la belle demeure familiale est singulièrement différent de chez elle : sa cousine Mina passe ses journées dans les livres et collectionne des boîtes d'allumettes illustrées qui lui inspirent des histoires minuscules ; un hippopotame nain vit dans le jardin ; l'oncle a des cheveux châtains, il dirige une usine d'eau minérale et sa mère se prénomme Rosa. A travers la littérature étrangère, les récits de Rosa sur son Allemagne natale et la retransmission des Jeux olympiques de Munich à la télévision, Tomoko découvre l'au-delà de son archipel, un morceau d'Europe et une autre réalité."
P.S : Ce blog a "fêté" sa 7ème année dans l'indifférence générale, l'âge venant, il se fait coquet et ne souhaite pas faire de bilan... Il poursuit mollement mais sûrement son chemin et c'est très bien comme ça ! Voici donc, comme il se doit, le top 5 de mes lectures de l'année :
La petite pièce hexagonale - Yoko OGAWA pour l'introspection
Groom - François VALLEJO pour le dérapage contrôlé
Journal d'un corps - Daniel PENNAC parce que sans contrefaçon, je ne suis pas un garçon
La horde du contrevent - Alain DAMASIO parce que l'union fait la force
Le livre de Dina - Herbjorg WASSMO pour ces disparus que l'on porte en nous...