Lectures janvier 2009
Je sais, je suis très en retard mais si la "vraie vie" m'a suffisamment occupée pour vous livrer mes lectures de janvier plus tard que prévu... c'est tant mieux !
Nuée d'oiseaux blancs - Yasunari KAWABATA
Quand la cérémonie du thé se fait sensuelle... Chaque geste, chaque accessoire vient troubler les sens ; une marque de rouge à lèvres sur le rebord de la tasse, la finesse du poignet qui verse le thé puis des désirs teintés d'interdit et de culpabilité. Kawabata saisit à merveille la beauté de l'instant et puisque rien ne dure...
"Ce qui distingue Kawabata, ce sensualiste, c'est d'arriver à envelopper ses personnages d'une sorte de buée légère et tendre tout en gardant au récit une ligne très lisse, très nette, il fait naître d'étranges rapports entre ses amants... Ses romans sont dominés par le blanc et nous sommes gagnés par cet éblouissement, par cette lumière incomparable, à ce point que nous avons tendance à oublier un fait majeur : le blanc, s'il est au Japon, comme en Occident, le symbole de la pureté, il est aussi la couleur funéraire, et pour bien comprendre Kawabata, il faut sans cesse penser que la vie, et la vie la plus physiquement amoureuse, la plus sensuelle, comporte toujours cet arrière-plan métaphysique le destin mortel de l'homme, jamais nommé et cependant apparent. - Robert Sabatier, le Figaro littéraire (1968)"
Scènes de la vie conjugale - Ingmar BERGMAN
Vous avez vu les "Noces rebelles" au ciné dernièrement ? Repassez donc une couche avec ces scènes-là ! Le couple y est également malmené (et c'est vraiment peu dire), chacun se ment à soi-même autant qu'à l'autre et quand les rancoeurs éclatent, personne n'est épargné. Je l'étudie en cours de théâtre... ça va faire mal !
"Les dialogues quotidiens d'un couple presque parfait. L'ordinaire d'une vie conjugale idéale avant l'orage. Puis la vie calme tourne à l'ennui, la platitude tourne au drame. La plaie vive de la rupture, l'espoir vite déçu d'une vie nouvelle, la culpabilité et la violence font vivre à Johan et Marianne les plus difficiles moments de leur existence. C'est seulement bien plus tard, au terme d'un tumultueux parcours, qu'ils pourront s'avouer à eux-mêmes leur propre vérité."
Un barrage contre le pacifique - Marguerite DURAS
Un Duras selon mon coeur, empreint de désir ; celui de la mère qui ne renonce jamais et celui des enfants de quitter cet endroit. C'est parfois violent, étouffant, désespérant et pourtant... tout cela me transporte très loin et seule Duras me le donne à ressentir. Comme si ses mots m'atteignaient directement, comme si le rythme créé et si particulier suffisait à m'emporter. Au fond, je me demande même si l'histoire compte ou si seule la manière dont elle la raconte me touche. Je ne recommande surtout pas le film, pâle adaptation du roman.
« Les barrages de la mère dans la plaine, c'était le grand malheur et la grande rigolade à la fois, ça dépendait des jours. C'était la grande rigolade du grand malheur. C'était terrible et c'était marrant. Ça dépendait de quel côté on se plaçait, du côté de la mer qui les avait fichus en l'air, ces barrages, d'un seul coup d'un seul, du côté des crabes qui en avaient fait des passoires, ou au contraire, du côté de ceux qui avaient mis six mois à les construire dans l'oubli total des méfaits pourtant certains de la mer et des crabes. Ce qui était étonnant c'était qu'ils avaient été deux cents à oublier ça en se mettant au travail. »
Le pigeon - Patrick SUSKIND
Excellent petit livre qui pousse la divagation irrationnelle à son extrême ! Ah, les dangers d'une vie réglée comme du papier à musique... On n'imagine pas les conséquences désastreuses que peut causer un pigeon dans une existence routinière au possible, c'est effrayant !
Les braises - Sandor MARAI
Un très beau livre et une montée crescendo comme je les aime. L'amitié, les mensonges, le temps qui passe... Voilà matière à converser au coin du feu !
"Reconnu comme l'un des plus grands auteurs de la littérature hongroise et l'un des maîtres du roman européen, l'écrivain Sandor Marai (1900-1989) s'inscrit dans la lignée de Schnitzler, Zweig ou Musil. L'auteur des Révoltés, des Confessions d'un bourgeois ou de La Conversation de Bolzano n'a eu de cesse de témoigner d'un monde finissant, observant avec nostalgie une Europe mythique sur le point de s'éteindre. A travers la dramatique confrontation de deux hommes autrefois amis, Les Braises évoque cette inéluctable avancée du temps. Livre de l'amitié perdue et des amours impossibles, où les sentiments les plus violents couvent sous les cendres du passé, tableau de la monarchie austro-hongroise agonisante, ce superbe roman permet de redécouvrir un immense auteur dont l'œuvre fut interdite en Hongrie jusqu'en 1990."
Un coeur de trop - Brina SVIT
Une lecture très agréable. Jolie plume et personnages attachants. Il ne s'y passe pas grand chose mais on se sent bien dans cette maison près du lac ;-)